Nous sommes tous un peu dada

Avec Sebastian Reichmann, poète et traducteur ; Petre Rӑileanu, essayiste, critique littéraire et traducteur et Mica Gherghescu, docteur en histoire de l’art.

Entretien mené par Philippe Dewolf, journaliste.

Nous sommes tous un peu Dada : le constat de Tristan Tzara concentre l’essentiel de l’avant-garde, ce mouvement culturel qui engendra par son développement mais aussi par ses paradoxes et ses équivoques des changements déterminants pour toute l’histoire de l’art moderne, voire même une forma mentis. Le culte de la nouveauté, le pari résolu sur la jeunesse, le goût pour la décentralisation, l’orientation acharnée vers le futur, « le démon de la théorie », le penchant pour la culture de masse, la frénésie des remaniements souvent violents, la dimension prophétique et visionnaire, le nombre impressionnant de créateurs témoigne que l’avantgarde reste même de nos jours un domaine très inspirant, qui n’a pas dit son dernier mot. Le foisonnement de l’avant-garde
roumaine et de ses avatars, sa place par rapport à d’autres littératures européennes et non-européennes, ses représentants
de premier ordre, de Tristan Tzara à Constantin Brâncuşi et de Victor Brauner à Gherasim Luca, pour n’en citer que quelques-uns, la réception après la deuxième guerre mondiale retardée par une politique hostile sont autant de sujets qui seront abordés lors de cette rencontre. (Simona Brînzaru)